La cicatrice – La césarienne

Sur mon bas ventre là cicatrice fait environ 15 cm, indélébile.  Tout comme le vide que ça a laisser à l’intérieur de moi. Tout comme la froideur que cela m’a inspiré des mois durant.

Cette cicatrice, on l’appelle césarienne. Celle qui fait naître un enfant. Mais en vérité, je ne pourrais jamais réellement te raconter l’histoire de sa naissance. Je n’y était pas. Je peux te raconter oui, la dureté de la pièce, la dureté de la situation. Je peux te parler oui, de la froideur, de la blancheur, des larmes qui coulent. Des paroles rassurantes de tout ces gens que je ne connais pas. De ces instruments qu’on pose sur mon ventre rebondi. De ces liens qui me tiennent « tranquilles », qui me lient pieds et mains.

La veille de sa naissance, j’étais chez ma mère à faire son sapin de Noël. On a mangé tous ensemble, on est rentré. Puis la nuit, on a été malade. Très malade. Trop malade pour une femme enceinte de 36 SA. Alors au matin, de bonne heure ma belle-mère nous emmène en catastrophe au CHU. Bien sur, on nous sépare, je pars en « monitoring », et on fini par me faire une echo. On me dit que tout va bien, mais moi je la vois qui ne bouge pas sur l’écran.

On me dit que ça va allait, mais je suis trop comateuse pour sentir qu’on me ment.On me laisse comme ça, et heureusement, ma formidable seconde maman est là, et fait le lien entre zhom et moi. Zhom qu’on fini par laisser rentré chez nous, dans notre maison, seul. Pour qu’il se repose. On me change de salle et on me donne un interrupteur, je dois appuyer sur celui-ci dès que je la sens bouger … mais je m’endors, je comate, je lutte pour rester consciente. Et je ne sens rien.

Alors on passe me voir, on me dit à 16h qu’on réfléchit à « une césarienne ». A ce moment là, je me dis que c’est trop tôt pour la sortir, alors je pense qu’ils réfléchissent à ça pour plus tard, dans une ou deux semaines. Je n’ai rien le droit de boire ou de manger, ils m’ont perfusée depuis longtemps (rapport à ma maladie).

On me change encore de chambre. Une chambre classique, celle que j’ai l’habitude d’avoir. Je me rassure, ça dois aller mieux. On vient me voir et on me fait un électrocardiogramme. Je vois l’interne blêmir et partir au pas de course. Et là, tout va trop vite.

Un chirurgien arrive, m’explique que je fais nous faisons une tachycardie de « concert », il essaie de me faire sourire, mais mon air interrogateur fait tomber ces dernières blagues : le cœur de ma fille bat trop vite, le mien aussi. Il m’explique que je fais une fièvre à quasi 40°. Ca devient dangereux pour Mini-Miss de rester dans le cocoon que je suis sensée lui faire. C’est dangereux pour nous deux, explique-t-il. Mes yeux doivent rester interrogateur, et j’ose prononcer un « mais on fait quoi ». Il me parle d’une césarienne en urgence. Je n’entends pas l’urgence et lui demande un « quand ? » qui m’arrache le cœur. Mes dernières défenses tombent lorsqu’il me répond « maintenant, vous avez  minutes pour prévenir votre compagnon ». Je lui demande s’il peut venir, il me répond que ce n’est pas possible. Cause au truc qui nous a rendu malade, on sait jamais si c’est contagieux

Une gentille sage femme viens m’aider à me « préparer », elle fait tout car je suis incapable de bouger, je sanglote juste et les larmes coulent seule. Elle me dit que ce sera sous anesthésie générale, car avec la fièvre ce n’est pas possible autrement.  Je ne prends conscience de rien, et me retrouve vite dans cette ambiance froide, avec des gens sympas pourtant, je le sens ! Mais rien n’y fait, je ne sais pas ce que je fous là, je suis seule. Je prie pour m’échapper, je ferme mes yeux sur l’heure, et les rouvre qu’en salle de réveil … vide, sans enfant, seule.

Après, j’ai su que zhom était quand même là. Il m’a vu passé dans le couloir. Si seulement j’avais su, peut être l’aurais vécu différemment. Mais ce jour qu’on dit si « magnifique », est pour moi le pire de la vie, et pour être franche, savoir que Mini-Miss était en excellente santé n’a rien changé à mon chagrin. Certains diront que c’est de l’égoïsme, et c’est très certainement vrai. Pour aller mieux, j’ai du visionner une vidéo de césarienne sur Internet, qui au début m’a donné la gerbe (j’avoue), mais qui m’a fait terriblement du bien.

 

Mon rêve d’accouchement idéal, en famille à volé en éclat le 16 décembre 2012 à 21.17

Jour même où ma vie de maman à débuter « pour de vrai ».