Comme une fleur…

Ceux qui me suivent sur les réseaux sociaux ont pu avoir quelques échos de la fin de cette cinquième grossesse…énorme fatigue, insomnies, angoisses, cauchemars…Je vous en reparlerai, mais les derniers jours n’ont pas été de tout repos!

J’ai finalement accouché à 39 semaines tout pile…ce lundi 20 février 2017 et je vais essayer de vous faire le récit fidèle de cette journée…

Ce dimanche là, nous décidons d’aller marcher un peu…Dans la voiture je ne me sens pas très en forme et marcher quelques minutes dans la campagne me demande beaucoup d’efforts. Je suis vraiment fatiguée et je me sens vidée de toute mon énergie. De retour à la maison, je n’ai même pas le courage de gouter avec les enfants et je m’allonge dans un coin du salon…

Je pars me coucher tôt, je suis exténuée…Et cette nuit là, comme toutes celles qui l’ont précédée, les contractions commencent…J’ai déjà eu plusieurs fausses alertes, et les contrôles aux urgences et la visite chez le médecin m’ont convaincue que j’irais jusqu’au déclenchement, une semaine plus tard. Alors je n’y crois pas et j’essaie de me rendormir.

Le lendemain matin, le papa emmène les garçons en stage de tennis, (ce sont les vacances), et numéro 2 chez sa nounou. Je reste donc seule avec ma Maman venue en renfort et numéro 4, qui s’installe devant un dessin animé. C’est la fin des soldes et mon petit mari veut en profiter pour faire les magasins à une quarantaine de kilomètres.

Je prends un bain ; les contractions sont douloureuses mais vraiment irrégulières…Et puis je m’active…j’étends mes lessives, j’arrose mes plantes, je range…pour m’occuper l’esprit plus que par nécessité.

Les contractions reviennent, mais elles sont plus violentes…elles me plient en deux. J’appelle le Papa…il est sur la route…il est environ 9h20 et je décide de reprendre un bain…Cette fois-ci les contractions ne se calment pas…j’ai mal, vraiment, elles me coupent la respiration.

Je comprends que c’est le jour J…deuxième appel…Je ne veux pas le stresser mais je lui dis que ca serait bien qu’il revienne. Il me répond qu’il se dépêche de faire ses courses et de rentrer. Il est 10h.

Je bouge, je marche, je m’occupe l’esprit comme je peux ; je boucle les derniers préparatifs de ma valise, de la sienne…Cela me semble interminable. Je m’arrange pour trouver quelqu’un pour récupérer les garçons à midi, ma belle-mère est dispo… Je le rappelle, il est sur la route du retour…il est 10h30.

J’essaie de faire bonne figure devant mon fils et ma Maman mais j’ai vraiment mal. Je sais maintenant que c’est le jour J. Je me demande comment j’ai pu aller aux urgences pour faux travail tellement ces contractions sont différentes et plus douloureuses…comment ai-je pu me tromper à ce point?!

J’essaie de rester zen ; je chasse les pensées négatives (du style et s’il n’arrivait pas à temps? et si j’accouchais à la maison?)…je me répète en boucle que tout va bien se passer…et ca marche…Je prends une dernière photo de mon gros bidon…je vérifie sa tenue de naissance.

Je suis maintenant incapable de m’asseoir ni de m’allonger…mon corps m’ordonne de bouger ; cette fois c’est sûr, c’est la bonne. Une fois ou deux, j’ai pensé à appeler les pompiers, mais non je sais que je peux le faire…je préviens la maternité que je vais arriver.

Et enfin, il est là, il arrive…J’embrasse numéro 4 et je lui explique que je pars à la clinique pour que le bébé sorte. Je sais que c’est mon petit dernier pour la dernière fois et qu’au prochain bisou, il sera grand frère…Maman me souhaite bon courage.

Il est 11h et je peine désormais à marcher. Je suis même incapable de porter mon sac. Le trajet en voiture est insupportable et pourtant nous sommes à 5 minutes de la maternité (heureusement!)

Nous sommes accueillis par une adorable sage-femme…qui me demande comment je prévois d’accoucher. Je lui fais part de mon voeu d’éviter la péridurale, d’allaiter. Elle hoche la tête ; nous sommes en phase et j’ai tout de suite confiance en elle. Mon médecin, le gynéco qui m’a suivi pour toutes mes grossesses est là aussi ; il vient répondre à nos questions et me rassure ; il se dit content d’éviter le déclenchement et est ravi que ma fille se soit décidée toute seule.

Après monito et examen du col, il s’avère que le travail a bel et bien commencé et qu’il est même bien avancé…(col ouvert à 6!) On nous transfère alors dans une salle d’accouchement pas comme les autres…

C’est la salle nature. Une salle à la lumière tamisée, équipée d’une baignoire et de matériel adapté…ballon…

Je repère la couveuse qui chauffe déjà…tout le matériel médical pour notre petite puce est prêt, on nous demande ses petits vêtements. L’ambiance est apaisante, ici pas d’étriers, de lit d’hôpital ou de grosses lampes…Je vais accoucher sur une sorte de grand canapé…dans la position qui me conviendra et sans perfusion…

Je marche encore et encore, je fais du ballon, j’arrive à peu près à gérer. On m’a prévenue que ca irait vite et je me repose la dessus, d’ici quelques minutes j’aurai mon bébé dans les bras. Je suis capable de le faire. Et mon mari est là pour m’assister et me détendre.

Puis la sage femme revient m’examiner…C’est à 4 pattes que je suis le mieux pour le monitoring.  Pour l’examen, je peine à trouver une position confortable…je m’allonge sur le « canapé » calée par de gros oreillers dans une drôle de position…La dilatation est complète et elle décide de percer la poche des eaux. Il est 13h. Cela me soulage dans un premier temps et très vite, je sens le bébé descendre. Le Papa essaie de me ventiler, j’ai chaud!

Le médecin arrive et m’annonce qu’on voit sa tête. Je n’ai « plus qu’à pousser ». Je me mets dans ma bulle comme lors des préparations, j’adopte les respirations que j’ai apprises, je me concentre sur mes sensations, et fais ce que m’ordonne mon corps…Je sens la présence discrète et rassurante de mon mari qui m’encourage.

J’entends le doc qui dit STOP et j’ouvre les yeux. Je suis violemment sortie de ma bulle et je lis l’angoisse dans les yeux de mon mari. Je comprends que quelque chose ne va pas…cela dure seulement quelques secondes mais cela me semble beaucoup plus long. J’apprendrai plus tard que ma puce s’était gentiment enroulée le cordon autour de son cou…pas une mais deux fois! Le médecin a donc été obligé de le couper.

Quand il me dit de pousser de nouveau je me concentre et quand il me dit « venez le chercher ce bébé…venez l’attraper », j’en suis juste incapable…je suis comme tétanisée. Mon mari le comprend tout de suite et demande au médecin de ma la donner. Quand il la dépose contre moi, je n’y crois pas.

C’est allé si vite! Je vais mettre du temps, beaucoup de temps à réaliser que j’ai réussi, qu’elle est là contre moi..

Mon corps me lâche…mon esprit, ca n’est pas mieux…je suis abasourdie, choquée…ca a duré 4 minutes! Il est 13h05…Elle est venue au monde comme une fusée! Je suis un peu angoissée car elle ne pleure pas, elle a juste poussé un cri. Mais elle va bien… Et elle est si belle, si calme…d’abord bleue, elle a repris rapidement des couleurs et s’est apaisée contre moi.

Lorsqu’elle part pour être pesée et mesurée, pour subir les examens, j’essaie de réaliser mais je peine à me dire qu’elle est bel et bien là. La sage-femme est vraiment adorable ; elle me félicite et me rassure.

Lorsqu’elle revient si minuscule dans les bras de son Papa, si fier, je ne peux m’arrêter de pleurer. Il répète encore et encore qu’il la trouve belle. C’est un vrai tsunami d’émotions qui me submerge. Après ce qu’elle vient de vivre j’admire son calme.

On me demande si je veux la prendre en peau à peau mais je ne m’en sens pas capable…je suis trop faible.

Elle va alors passer un long moment dans les bras de son Papa, jusqu’à ce qu’on m’autorise un sucre et deux gorgées d’eau pour me redonner un peu de force.

En peau à peau ensuite, elle rampera pour téter une première fois, comme une chef.

Nous avons passé deux heures magiques, allongés l’un à coté de l’autre, à contempler son joli minois. Nous avons appelé ses frères et soeur (et les grands mères) pour leur annoncer la naissance…nous avons envoyé quelques photos à nos proches…la magie de la technologie!

Je vous raconterai le suite au prochain numéro!

J’ai vécu un accouchement magique…fidèle à 99% à celui dont j’avais rêvé! Je mesure la chance que j’ai…

Cela a été possible grâce à la super préparation dont j’ai pu bénéficier (acupuncture et relaxation), grâce au lieu et à l’ambiance, grâce à la patience, l’écoute et la bienveillance de cette sage-femme, grâce au calme, à la sérénité et au professionnalisme de mon médecin mais aussi et surtout grâce à la présence tendre et rassurante de mon mari…MERCI!!

PS ; initialement mon billet s’intitulait « comme une fusée ». Mais lors de ses visites dans ma chambre, mon médecin a regardé longuement numéro 5 et m’a dit qu’elle était arrivée « comme une fleur ». J’ai donc modifié mon titre en le trouvant beaucoup plus approprié!!

Suite des aventures de ma jolie fleur dans un prochain billet…elle a déjà 15 jours aujourd’hui!!