Le prix Gulli…des petits romans pour les faire lire!
J’ai appris à lire tôt et facilement (grâce à mon grand frère qui était au CP) et j’ai rapidement développé une passion pour les livres. Mes numéros adorent lire et pour les trois premiers du moins, c’est devenu une activité quotidienne. Lire des albums, des petits livres documentaires, rechercher des infos…ils adorent. Pour l’instant, la seule vraie difficulté que j’ai rencontrée, c’est le passage pour numéro 1 des albums, ou des petits livres, aux romans..
Le nombre de pages, l’épaisseur, le fait qu’il n’y ait plus d’illustrations et l’accumulation des mots le décourageaient. Pour y pallier, j’ai commencé à lire un roman énorme avec eux. A la place de la lecture du soir, je lisais un chapitre. Pas d’illustrations à observer, des mots un peu plus compliqués à expliquer…mais l’histoire d’une famille nombreuse ressemblant à la nôtre qui leur plaisait. Il s’est ensuite mis à relier les chapitres que j’avais lus un peu en cachette. Puis je lui ai proposé de lire avec moi, à deux voix, en alternance. Comme nous nous relayions, il avait le temps de se reposer et de m’écouter avant de reprendre.
Et puis…il s’est mis à bouquiner seul. Mais je remarque que ce qu’il apprécie, c’est que nous en discutions tous les deux ; il me donne son avis, son impression, ce qu’il a ressenti. Je lui donne le mien. Nous pouvons comparer nos points de vue, mais aussi les différents livres, sur le même thème, du même auteur…Et quand il sait que je vais chroniquer les livres sur le blog, il y met encore plus de bonne volonté!
Cet année, nous avons eu la chance de revoir une partie des livres sélectionnés pour le Prix Gulli 2018.
Créé en 2012 par la chaîne de télévision française dédiée à la jeunesse, il récompense chaque année un roman francophone destiné aux enfants de 8 à 13 ans, sur les critères de qualités littéraires et d’originalité. Voila les titres qui étaient en compétition cette année :
- Trop de chefs, pas assez d’Indiens de Marion Achard (Actes Sud Junior)
- Mercredi, c’est papi! de Emmanuel Bourdier(Flammarion Jeunesse)
- Mentir aux étoiles de Alexandre Chardin(Casterman)
- J’ai suivi un nuage de Maëlle Fierpied (L’Ecole des loisirs)
- Jefferson de Jean-Claude Mourlevat (Gallimard Jeunesse)
- Le mot d’Abel de Véronique Petit (Rageot)
J’ai eu la chance de recevoir certains de ces petits romans et nous avons profité des vacances de la Toussaint pour les dévorer!
Avant de vous dévoiler le lauréat, je vous présente chaque ouvrage avec mes commentaires, et numéro 1 vous donne son avis (en italique). J’avoue avoir pris beaucoup de plaisir à découvrir ces petits romans de jeunesse avec mon fiston. La sélection est très variée, des auteurs connus et d’autres beaucoup moins, de « gros » livres et d’autres beaucoup plus petits, différents niveaux de lecture. Je vous les présente dans l’ordre de lecture (aléatoire donc…)
J’ai commencé par « J’ai suivi un nuage » qui m’a bouleversée.
Rémi, c’est ce petit garçon qui a l’âge du mien. Il vit avec sa maman dépressive. Il la compare à un nuage qui peut tantôt être blanche, heureuse, euphorique. Mais quand elle s’assombrit, elle de vient noire, se met en colère et pleure. Rémi a appris à vivre avec la maladie de sa maman, il vit avec, et se débrouille parfois seule. Il s’adapte aux humeurs de sa maman et ce n’est pas toujours facile. Un jour, il part vivre chez ses grands parents car sa Maman est hospitalisée. Il a peur d’aller la voir dans ce qu’il croit être une maison de fous, un asile. Il découvre une maison de repos bien loin de ce qu’il avait imaginée!
Ce texte nous envoie dans le quotidien d’un enfant qui vit seul, avec une maman malade. Il se pose plein de questions sur cette maladie qui la ronge. Ce livre aborde avec tendresse et bienveillance le tabou de la dépression. Le texte est doux, poétique, rythmé par les haïkus que la maman invente. C’est une sujet complexe, difficile. Mais ainsi abordé à hauteur d’enfant, avec des mots simples et au coeur du raisonnement et du questionnement de Rémi, cela devient accessible.
J’ai été très touchée par le choix des mots, celui des illustrations de Julie Guillem.
« J’ai aimé, mais j’ai trouvé que c’était triste. Quand j’ai lu le titre, je m’attendais à une aventure…celle d’un petit garçon qui attrapait un nuage qui passe devant sa fenêtre. On a de la chance de ne pas avoir une Maman comme ça… »
Cela nous a permis d’aborder la réalité de certains de ses copains qui n’ont pas la chance d’avoir une maman en pleine santé. Même si ça n’empêche pas l’amour, ça rend tout (beaucoup) plus compliqué.
Ensuite, j’ai lu Mercredi c’est Papi, que j’ai adoré. 
Le début de chaque chapitre est écrit en GROS…c’est amusant et ça donne envie de continuer la lecture!
Les illustrations sont juste géniales, j’adore!! Un style croquis qui complète parfaitement le texte.
Le papi de Simon est aux fraises (il est un peu perdu) alors Simon s’embête un peu le mercredi après midi. Mais il apprend à s’en amuser et passe des moments inoubliable avec son grand père. Ce dernier sourit alors et s’illumine, lui qui est si souvent enfermé dans sa maladie. Grace à Simon, Papi s’invente une autre vie, et des aventures dans lesquelles il aurait été pirate ou détective.
Le text est amusant, facile à lire. C’est fluide. Et pourtant, il traite d’un sujet grave (même tabou). On a tendance à cacher les maladies mentales de nos ainés à nos enfants. Ici la maladie est abordée de façon humoristique.
Sans hésiter mon coup de coeur! C’est si beau la tendresse, l’humour pour parler de la maladie d’Alzheimer, la démence…Pour y avoir été confrontée, je sois avouer que parfois ça fait du bien d’en rire tellement c’est lourd et difficile.
Numéro 1 a un avis assez mitigé mais il l’a lu très facilement et super rapidement (il est conseillé dès 9 ans). « Je n’ai pas trop aimé mais je l’ai trouvé drôle…il est un peu court…on devrait raconter la fin… » Je le recommande pour aborder la maladie d’un proche par exemple, quand on ne trouve plus trop les mots…
Puis Le Mot D’Abel, que j’ai trouvé angoissant mais intéressant.
L’auteur part de l’idée originale que chacun aurait un mot qui nous serait attribué et qui déterminerait la suite de notre vie. Et Abel, lui attend avec impatience et angoisse le mot qu’il va recevoir…
Je trouve ce concept de mot vraiment bien trouvé ; la réflexion est assez intéressante ; qu’est ce qui dans nos vies est déjà déterminé? Qu’est ce qui ne l’est pas. Notre existence est elle déjà écrite…mais si notre destin est déjà tracé…que pouvons nous faire pour en changer? Bien sûr ce sont mes réflexions d’adulte…N’empêche, ce texte aborde de vraies questions de société : le regard des autres, les étiquettes qu’on colle trop vite, le libre arbitre.
Le texte est fluide, agréable à lire. Chaque chapitre a un titre comportant le mot « MOT » et c’est parfois rigolo.. J’ai regretté qu’il n’y ait pas vraiment de fin…est ce parce que l’auteure prévoit une suite?
Numéro 1 de s’est pas posé autant de questions…Je pense qu’il l’a lu juste comme une fiction. Il a eu envie de découvrir le mot d’Abel évidemment, mais aussi celui de ceux qui l’entourent, et leurs aventures…Mais il est quand même venu me demander si les mots existaient…et s’il aurait un jour une révélation du sien. Preuve qu’il a du s’en poser des questions (et peut être même faire des cauchemars??!!)
C’est le livre de cette sélection qu’il a eu le plus du mal à lire, alors qu’il est plutôt bon lecteur. Je vous le conseillerais donc plutôt vers 12-13 ans. : « Il y a trop de détails, donc c’est difficile à lire. Ca n’existe pas en vrai, les mots, alors j’ai eu du mal à entrer vraiment dans l’histoire »
Enfin, j’ai terminé pas Jefferson que j’ai beaucoup apprécié.
Evidemment, on connaissait déjà l’auteur (et on aimait bien…) D’emblée j’ai adoré la couverture et c’est le seul que numéro 1 a lu avant moi…il est pas trop mignon ce hérisson de Lisa d’Andréa?
Je vais vous dire un petit secret, même dans un gros roman, j‘apprécie qu’il y ait des illustrations…et je crois que numéro 1 est comme moi. C’est quand même sympa, quand tu le feuillettes comme ça vite fait pour voir ce qu’il contient, d’apercevoir autre chose que des lignes de caractères noirs, non?? Antoine Ronzon nous livre en plus des dessins magnifiques, pages entières ou petits détails sous le titre de chaque chapitre…(et en noir et blanc!)
Nous sommes embarqué avec Jefferson, un petit hérisson attachant dans une aventure injuste ; parti chez son coiffeur, le voici injustement accusé d’un meurtre qu’il n’a pas commis. Mais le brave Jefferson, « 72 cm de frousse et de courage », décide de mener l’enquête avec l’aide de son ami Gilbert au pays des êtres humains et ainsi rétablir la vérité.
Cette histoire commence dans le monde merveilleux des animaux. Les animaux y marchent ur deux pattes, sont habillés et parlent! On se croit donc embarqués dans une histoire policière. C’est bien le cas, mais pas que…
Malheureusement, le monde des hommes n’est pas loin…et il se révèle bien plus cruel. Mourlevat traite de questions d’actualité et il soulève de vrais sujets tels que les conditions d’abattage des animaux, l’élevage intensif… Le lecteur se retrouve ainsi du côté des animaux, et il y a de quoi devenir végétarien. Ce livre est plein d’humour mais il n’oublie pas d’être sérieux et de nous montrer l’importance du respect du monde animal.
C’est drôle, plein de suspens et super bien écrit. J’ai vraiment aimé. Je vous le recommande pour les amoureux des polars et des animaux. C’est une belle façon de prendre conscience de la souffrance animale et se dire qu’il est peut être temps de se poser les bonnes questions. Ce livre est adorable, j’avais flahé sur sa couverture et je n’ai vraiment pas été déçue! Peut être qu’il faudrait aussi en faire un dessin animé, il serait efficace pour les enfants .
Numéro 1 l’a dévoré et même relu! : « Jefferson je l’ai trouvé super bien. Il n’y a rien que je n’ai pas aimé. Même si j’ai eu un peu peur dans certains passages… »
Chaque livre a son style, chaque auteur choisit ses mots. Chacun aborde un thème actuel, plus ou moins tabou, et de façon plus ou moins explicite. Je trouve que c’est tellement important de varier les lectures que l’on propose à nos enfants, pour leur faire découvrir différentes façons d’écrire, différents niveaux de lecture…
Celui que numéro 1 a choisi est finalement un des plus gros en terme de nombre de pages et d’épaisseur. Il ne s’est pas découragé, emporté par l’histoire, il a été capable (et finalement en quelques heures de voiture) de dévorer ce gros bouquin de Jefferson, passionné par les aventures de ce petit hérisson injustement accusé. Voilà ce que je trouve magique dans les livres…
J’avoue que si j’avais fait partie du jury, j’aurais eu du mal à départager Mercredi c’est Papi et Jefferson. En tant qu’adulte, j’ai adoré les lire.
Numéro 1 n’a pas hésité du tout : « Si j’avais eu à choisir un livre parmi ceux-là, j’aurais sans aucun doute choisi Jefferson. »
Finalement, je vous donne le verdict du Jury…
C’est bien Le mot d’Abel qui a été récompensé !
Mais il faut noter le prix d’honneur décerné à « Mercredi c’est Papi! »
Des livres en tout cas que je vous recommande! Bonne lecture!
MERCI à Véronique pour sa confiance, aux Editeurs qui nous ont fait parvenir les livres!
