Avant de s’envoler de Florian ZELLER
Il y a dans ce début d’automne des soirées formidables à passer à Paris.
Hier, je suis allé voir la nouvelle pièce de Florian Zeller avec Robert Hirsch et Isabelle Sadoyan, Claire Nadeau, Anne Loiret, Léna Bréban, et François Feroleto.
‘Avant de s’envoler’ m’a replongé dans une enfance que j’ai eu la chance de vivre avec un Roméo et une Juliette qui avaient vécu 65 ans de mariage, mes arrières grands parents. (L’un n’ayant voulu partir sans son autre…)
En voyant Robert Hirsch vivant jusqu’au bout des doigts qui tremblent d’expériences, et Isabelle Sadoyan parler, marcher, cuisiner ses champignons, exactement comme la ‘Femme’ qui a donné vie à toute ma famille actuelle, je me suis fait cueillir par l’émotion. Nous nous sommes surpris les uns les autres dans un silence de spectacle vivant absolu à aimer de tous nos cœurs ces anciens qui transmettent la vie et offrent l’Amour. Les larmes aux yeux de bonheur, de sagesse, de joie et de nostalgie.
La salle entière du théâtre de l’Oeuvre rénové qui respecte sa tradition chaleureuse s’est faite égrégore au moment des saluts. Car oui même le lieu nous transporte. Même le lieu participe à la mise en scène de Ladislas Chollat toute en finesse d’un puzzle à assembler. Ici le spectateur travaille tout en étant transporté, simplement. Et dans les jeux des regards entre acteurs, les yeux parlent d’eux mêmes. Il y a les plus jeunes au présent, et les plus anciens déjà évanescent. Avant qu’ils ne s’envolent.
Tantôt on se dit qu’elle est partie avant lui et que, par manque de force, elle emporte une partie de son esprit, tantôt c’est elle qui l’évoque avec une ancienne amie de la famille découvrant une partie de sa vie qu’elle ne connaissait pas.
L’écriture de Florian Zeller est ici un hymne à la mémoire et à l’esprit. Celle qu’on aimerait avoir à l’âge d’un Robert Hirsch pour continuer de monter sur scène, et celui d’Isabelle Sadoyan concrète jusqu’au bout de la vie, telle la femme magnifique devenue mère et resplendissante dans son grand âge.
Une déclaration d’amour aux anciens qui transmettent l’essentiel aux jeunes, balayant d’un revers de mains qui parlent, les questions futiles de l’héritage, de vente de maison trop grande pour un seul être en bout de chemin. Les enfants restant ayant surtout à conserver le patrimoine du cœur.
Anne Loiret, fille aînée et Léna Bréban la cadette montrent à quel point les enfants d’un même couple peuvent vivre leur génération différemment. Elles sont formidables et touchantes d’humanité. Claire Nadeau joue en rupture le mystère de la maîtresse cachée, ou l’amie de la famille. Et François Feroleto la présence d’un fils (peut-être) non reconnu, ou du petit ami prêt à rendre service mais pas trop…
Je m’arrête là pour continuer de vivre cette journée en pensant à mon modèle de Roméo et Juliette connu par le passé, et je vous invite à déployer vos ailes pour réserver vos billets, vous ne pouvez pas regretter votre soirée !
C’est CULTURE ! Réservation de vos places ici
Laurent Sao.