Six ans. Six ans de toi. Six ans de découvertes, d’étonnement et d’apprentissage. Il y a six ans je ne me croyais pas capable de mettre un enfant au monde. Je ne me croyais pas assez forte, je pensais que la douleur aurait le dessus. J’avais peur de ne pas te rencontrer, peur d’échouer. Et puis j’ai réussi. Nous avons réussi. C’était long et difficile de te mettre au monde. Physiquement, psychologiquement. J’ai longtemps cru que je n’arriverais pas à être mère. Et puis, finalement, ça tangue un peu mais ça tient. Tu as cette curiosité que parfois j’ai l’impression d’avoir perdu. Tout t’intéresse, tu aimes apprendre et tu es toujours partant pour tout. Tu es tout ce que j’aime. Tu es mon premier enfant, tu es la découverte. Je pensais ne jamais vouloir plusieurs enfants et puis je vous ai tout les trois. C’est un peu fou. Je suis heureuse de vous savoir liés et ensemble pour avancer dans vos vies. Six ans. Tes boucles blondes s’en vont petit à petit et tes cheveux tombent sur tes yeux. Tu aimes te parfumer. Tu aimes comparer ta taille de mois en mois le long du mur. Nous avons fait de… lire la suite →
Je n’aurai donc jamais réussi à aimer être enceinte. Je garderai ce souvenir amusant de voir mon ventre s’arrondir. Des coups de pieds d’un petit être. Je me suis sentie étrangère à mes grossesses. Je me regardais dans le miroir comme si je regardais une autre. Je le savais. J’étais prévenue. Je l’ai ressenti trois fois. Trois grossesses différentes avec des angoisses plus ou moins fortes. Trois grossesses avec des sentiments amplifiés. Des jours de grand bonheur et d’autres beaucoup plus gris. Enceinte, j’étais comme prise en otage de mes angoisses. Partager un corps c’est d’une grande violence. C’est tout partager pendant neuf mois. Tout transmettre. Être à la hauteur du petit être. Avoir cette folle responsabilité. Et puis. L’accouchement. Comme une bouffée d’adrénaline. La véritable naissance. J’ai aimé si fort les premiers jours à la maternité. J’ai aimé le retour à la maison, les premières fois, les premières découvertes, les sourires et la vie au ralenti. Comme si le temps était suspendu. C’est comme une renaissance à chaque fois. Et puis. C’était le moment où je récupérais mon corps. Les angoisses devenaient nouvelles mais mon bébé était né. Le premier mois de vie avec mon nouveau-né c’était un peu… lire la suite →
Ce mercredi, avec les trois enfants, je suis allée au square. J’ai été surprise de voir à quel point les enfants sont contraints de ne pas faire ce qu’ils veulent. J’ ai entendu les adultes dire des « fais attention », « ne monte pas ici, tu vas te faire mal », « le toboggan ne se prend pas dans ce sens », « tu es trop petit, tu vas tomber ». J’ai observé les enfants et les adultes et je nous ai trouvé tristes. Je ne compte plus le nombre de fois où j’ai dis ces mots, où j’ai empêché les enfants de faire des escalades sous prétexte que c’était dangereux. Alors, ce mercredi je me suis installée différemment. Je les ai laissé faire et j’ai vu deux enfants heureux de grimper et de passer d’un jeu à l’autre. Et puis, une mère est venue à moi me faisant remarquer que mon deux ans refusait de jouer et de prêter son ballon à son fils et qu’il l’avait empêché de passer dans le tuyau. « Vous n’intervenez pas? » Non je n’interviens pas. Je préfère les laisser faire. Il refuse de jouer à ce moment précis avec cet enfant, que puis-je faire, le forcer? J’ai vraiment été peinée de nos… lire la suite →
Comme tant de soirs. Pleine de fatigue, la tête douloureuse, je suis allée jeter un œil dans ta chambre. Ton chevet était allumé. Tu étais calme et tu lisais un livre. Je me suis approchée et j’ai remarqué que ta lecture était particulière. Tu analysais, disséquais presque, des pages fines aux tout petits mots. Tu avais demandé un livre de la grande bibliothèque. « Un livre d’adulte » comme tu as dit. Un livre sans images, avec uniquement des mots. Tu tentais d’en déchiffrer quelque uns et cela m’a touchée en plein coeur. Tu as reconnu des prénoms, des pronoms et des petits mots. Tu t’es intéressé aux quelques phrases que j’ai lues, et tu t’es amusé de voir que l’un des personnages portait le nom de ton amie. Je t’ai demandé pourquoi tu avais voulu lire ce livre sans image. « Parce que je voulais savoir comment c’était fait » Un poids lourd s’est abattu sous mes épaules. Je me suis sentie bête. Incroyablement bête. Ma fatigue, mon mal de crâne, ma mauvaise humeur et mes cris se sont retrouvés face à toi, petit cinq ans, vif et tellement curieux. Ton intelligence m’a ravivée. J’ai tant de mal à trouver les mots justes… lire la suite →
Petit toi, petit dernier. Tu grandis et tu t’éveilles et le temps me file entre les doigts. Les petits vêtements sont trop courts, tes pieds n’ont plus assez de place dans tes chaussons. Je vais glisser toutes ces petites choses trop petites dans un carton. Mais contrairement à tes frères, je ne le rouvrirai pas. Je le donnerai pour d’autres enfants. Petit toi, tu seras mon petit dernier et chaque moment qui passe me serre un peu plus le cœur qu’avant. Les moments que je vis avec toi ont une autre saveur. Je sais qu’après toi je ne les revivrai plus. Je ne suis pas triste de cela, peut-être un peu nostalgique. Tu es un bébé calme et serein et nous prenons le temps de savourer ces premiers instants que j’aime tant. J’aime cette période où tu es si petit. Le temps est différent, on vit comme posés dans du coton, on s’autorise à traîner un peu, il y a même des jours où on ne s’habille pas. Et puis je me souviens de tout ces moments à venir et je les attends avec hâte. Je suis heureuse de vous voir grandir ensemble. Mes trois garçons. J’ai hâte de vous… lire la suite →
Mon ventre s’est noué, mes yeux se sont mouillés et mon coeur s’est emballé. J’ai su. J’ai fermé ma valise, j’ai regardé tes frères, profondément endormis. Le silence. Cette nuit était particulière, elle allait devenir notre nuit, le début de notre histoire. J’ai regardé l’appartement. La lumière était différente, plus chaude, plus forte. J’ai regardé la rue depuis la terrasse. Nous sommes partis. Nous sommes partis à ta rencontre, les sentiments emmêlés. Tout était en suspend. Tout était serein. La nuit avançait et Paris était vide. Je n’ai rien oublié. Ce moment si particulier avant l’arrivée à l’hôpital. Et puis la douleur. la salle de naissance et l’horloge face à moi. Trois heures quarante. Je me suis mise à imaginer ton heure de naissance. Cette heure que tu t’amuseras à dire le jour de ton anniversaire. Cette heure qui marquera le début de ta vie. Cette heure que tu oublieras peut-être. Quatre heure cinquante. La nuit devenait moins noire. J’ai perdu de vue l’horloge quelques instants. Un peu avant six heures tu es né. Sereinement et calmement. Tes yeux grands ouverts ont cherchés les miens. Tous les doutes ont été balayés. Petit toi, ta naissance était belle. Je n’ai pas… lire la suite →
Les flocons sont tombés ce matin. Silencieux ils étaient là. Le silence a laissé sa place à L’euphorie et les nez se sont collés aux vitres. C’est le premier automne dans notre nouveau quartier. C’est la première fois que nous regardons la neige tomber derriere la baie vitrée. Je pense encore aux Abbesses. Le chemin de l’école a été joyeux, les bras et les bouches ouvertes, les flocons ont été gobés. Notre dernier automne à quatre. Une nouvelle vie. De nouveaux repères. Puis J’ai eu le cœur léger. Cette scène du quotidien m’a gonflé le cœur. Mes doutes et mes appréhensions se sont envolés. Et puis ce détour avant le travail. Cet achat comme si c’était le premier. Ce pyjama bleu. J’ai réalisé je crois, dans trois mois nous serons cinq. Je contemple la taille de ce pyjama et je me souviens de tout. L’euphorie, la fatigue, l’angoisse et l’amour a chaque naissance. Je n’ai rien oublié. Les sentiments virevoltants, la fierté, la taille minuscule de ce petit être. Il y a dix ans jamais je n’aurais cru avoir trois enfants. J’aurais ri à l’idée d’avoir des naissances rapprochées. Ne jamais dire jamais. J’imagine mon petit garçon dans ce pyjama… lire la suite →
Ce soir, je suis allongée. J’écoute la pluie, j’écoute vos souffles et le brouhaha lointain de la rue. La lumière orangée de la vieille lampe soixante donne à cette journée un petit aspect vieilli. Elles sont posées là sur la petite table et je les regarde, un peu émue. Je me sens un peu plus âgée aujourd’hui. Il pleut depuis des jours et cette petite paire posée là farfouille dans mes émotions. Tout est calme ce soir. Le ronron de la rue, de la pluie et des chats m’apaise. Sur la petite table au plateau de marbre sont posées tes chaussures. Ta première paire. Elles sont neuves et brillantes. La trace de tes pas ne les ont pas encore marquées. Je ne pensais pas, un jour, être émue par ces petits accessoires. Par la banalité du quotidien. Je me plait à les imaginer enfermées dans une petite boite. Déballées comme une relique lorsque tu auras mon âge. Elles seront le souvenir de tes premiers pas. C’est le début de ta vie debout que je contemple ce soir. Ta vie sera faite d’allées et venues. De chutes, de trébuchements qui coloreront cette petite paire. Ta vie sera aussi faite d’appuis qui… lire la suite →
Il y a 365 jours je suis allée chercher du pain. J’ai attendu dans la file d’attente et j’ai salué les boulangers. Comme tant d’autres matins. Il y a 365 jours, il faisait chaud. J’ai petit-déjeuné en observant nos valises. Il y a 365 jours je savais. Je savais que c’était le dernier matin. Le dernier matin avant toi. C’était presque effrayant de savoir qu’après, tu serais toujours dans mes pensées. J’ai regardé une dernière fois l’appartement. Quand je reviendrai tu seras là. Cette pensée grandi notre si petit logement. Il y a 365 jours, j’ai attendu dans la salle d’attente en regardant mon ventre. C’était les derniers instants d’une rondeur parfaite. Il y a 365 jours, l’effervescence la plus joyeuse était autour de moi. Je me souviens de ces mots, bruts et lourds comme une enclume. « Il est là » Il y a 365 jours tu es venu au monde. Dans un calme et avec une facilité insolente. Le monde t’attendait. Il y a 365 jours, ta chaleur et tes bras ronds ont été posés sur moi. Il y a 365 jours, je me sentais terriblement vivante et aimante. Tu as 365 jours aujourd’hui. Cela me semble vertigineux. Tu es… lire la suite →
Je me souviens des graviers gris et du bruit des pas lorsqu’elle allait y étendre son linge. Le jardin, tout petit, et du cerisier japonais. Je me souviens de la douceur des déjeuners sur la terrasse et des soufflés au fromage. Je me souviens de cette petite maison mitoyenne au creux de la ville. Je me souviens des escaliers qui grincent. Je me souviens du goût de la sauce tomate et de cette odeur d’ail mijoté qui baignait cette maison. Je me souviens y être allée tellement souvent, le mercredi. Elle était banale et petite mais c’était le lieu de mon enfance. Je me souviens de cette place. Une grande place centrale entourée de quelques petites maisons qui semblaient être posées là, spectatrices de nos vies. Il y avait des bancs, des arbres et de la place pour nos rêves. C’était, pour moi, le plus bel endroit. Je me souviens y avoir fait du vélo, de la trottinette mais surtout avoir sauté à l’élastique entre ces deux arbres. Je me souviens avoir eu des points de côté tant j’avais couru et ri. Je me souviens de l’impatience d’y retrouver mon cousin et ma cousine le mardi soir. Dans un lit… lire la suite →