Cette grossesse qui a duré un mois

 

J’ai longtemps rêvé d’avoir un enfant.

J’ai idéalisé la grossesse.
Cette première grossesse est arrivée à une période difficile.
J’étais imprégnée de la joie de créer la vie alors que ma mère se battait contre la mort.

Première expérience contradictoire.

Et puis j’ai fait cette fausse couche qui m’a anéantie.
Les fausses couches sont courantes, je le sais.
Mais je n’ai pas su me relever de cette épreuve.
Ce mauvais moment m’a prit à vif.

J’ai dit “Je n’aurais plus jamais d’enfants”

Et bien évidemment je ne me suis pas arrêtée là.
C’est donc avec beaucoup de distance que j’ai appris que j’étais à nouveau enceinte.
J’ai essayé de ne pas me projeter trop vite, à tel point que j’avais du mal à réaliser mon état.
J’ai détesté être enceinte.
Je ne voyais que de l’angoisse dans cet état.
L’échographie étant le passage le plus détesté bizarrement.
Peur de l’annonce d’une anomalie, peur d’un retard de croissance, bref pas vraiment de plaisir.
Après les nausées qui ont durées 5 mois, j’ai découvert mon ventre qui s’arrondissait.
C’était un moment que j’attendais avec impatience.
Et rien.
J’imaginais une émotion intense, le début d’une nouvelle vie.
Rien.
J’ai ensuite passé 3 mois allongée.
Autant vous dire que je n’aimais toujours pas la grossesse.
Je comptais les jours et je voulais accoucher au plus vite.

Et…
Il y a eu un déclic.

À 8 mois de grossesse.

On m’a autorisée à me lever et à reprendre des activités normales.
J’avais prit 20 kilos, mon ventre était énorme, je me déplaçais avec difficultés mais je me sentais bien.
Je me sentais vraiment enceinte.
J’aurais pu faire le tour du monde avec une énergie débordante.
Je savais que je pouvais accoucher à tout moment et qu’il n’y avait plus de risques.

Ma mère, de son côté, gagnait son combat contre la mort.

La vie se rééquilibrait et reprenait le dessus.

J’ai aimé être enceinte un mois.
Un mois de pur bonheur.
Un mois vécu à fond.

Mais ce mois là, en valait 9.