Les signes du temps
Le temps s’invite dans mes cheveux.
Des cheveux blancs aiment me rappeler que le temps ne m’attend pas, qu’il suit son chemin.
Je les ai comptés, arrachés, cachés, j’ai réfléchis à les teindre.
Puis j’ai arrêté de vouloir dompter le temps.
Et j’ai fini par les aimer.
“Tu as des cheveux blancs, tu vas les teindre?”
Non.
J’aime l’idée que le temps se rende visible, il me rappelle que l’heure tourne, que les mois changent et que les années s’enchaînent.
Ça me rappelle que mon oisillon grandit et qu’il découvre de plus en plus de choses.
Il est ce que le temps m’a apporté de plus précieux.
Les marques sont là pour nous rappeler que nous sommes vivants.
Cette vie me comble au delà du fait d’être un peu moins brune chaque jour.
Je suis consciente que mes paroles changeront sûrement lorsque j’aurais 40, 50 puis 60 ans.
Je suis consciente aussi que ma condition de vie privilégiée me permette d’avoir de tels propos.
Ressentir les marques du temps dans la solitude, dans la rue ou dans la maladie est un tout autre aspect.
Je comprends aussi qu’on puisse avoir l’envie de figer le temps, de le stopper, de vouloir profiter de moments trop vite passés.
Du haut de mes 30 ans j’aime l’idée d’avoir un corps changeant.
Pour rien au monde je cacherais ces signes.
J’aime les cernes, les rides, ridules et autres patte d’oie.
Cette trace de varicelle me rappelle mes 5 ans, cette vergeture me rappelle un des plus beaux moment de ma vie et cette cicatrice au tendon d’Achille me rappelle des vacances sur une île avec mon père.
Nous sommes une histoire.
Le temps s’y inscrit, s’y grave pour ne jamais s’y déloger.
Et j’imagine ce jour, lorsqu’a 80 ans j’essaierai de me souvenir du jour de mon premier cheveu blanc.