Le premier cri
Un petit corps chaud posé contre moi. C’est le début de la nuit et tu pousses ton premier cri. Ce cri salvateur qui m’a tant fait pleuré. J’avais tant imaginé ce moment, de tant de façons différentes.
Je ne l’avais pas imaginé si étrange, si bouleversant.
Je ne me suis pas sentie mère, pas tout de suite.
J’ai été perdue.
Je me suis sentie liée à toi, pour toujours.
J’ai été effrayée.
Tes yeux grands ouverts plongés dans les miens.
Tes gestes incontrôlés, ta bouche plissée.
Je ne pouvais détourner mon regard du tien.
À 22h54 j’ai arrêté de pleurer, de parler, j’ai arrêté d’avoir peur, je t’ai simplement regardé.
J’ai pensé à ton père, à notre amour multiplié par ce moment présent, à tout ce que tu allais offrir à nos vies.
Notre vie bouleversée par la tienne.
Je t’ai contemplé des heures, des nuits, des jours, n’osant te manipuler de peur de te réveiller.
Si petit.
Ton odeur et tes gestes lents.
Ton souffle chaud.
Le temps s’est stoppé pour nous laisser admirer le petit être que tu es.
Notre bouleversement.
Le plus beau qui soit.