Je n’aurai donc jamais réussi à aimer être enceinte. Je garderai ce souvenir amusant de voir mon ventre s’arrondir. Des coups de pieds d’un petit être. Je me suis sentie étrangère à mes grossesses. Je me regardais dans le miroir comme si je regardais une autre. Je le savais. J’étais prévenue. Je l’ai ressenti trois fois. Trois grossesses différentes avec des angoisses plus ou moins fortes. Trois grossesses avec des sentiments amplifiés. Des jours de grand bonheur et d’autres beaucoup plus gris. Enceinte, j’étais comme prise en otage de mes angoisses. Partager un corps c’est d’une grande violence. C’est tout partager pendant neuf mois. Tout transmettre. Être à la hauteur du petit être. Avoir cette folle responsabilité. Et puis. L’accouchement. Comme une bouffée d’adrénaline. La véritable naissance. J’ai aimé si fort les premiers jours à la maternité. J’ai aimé le retour à la maison, les premières fois, les premières découvertes, les sourires et la vie au ralenti. Comme si le temps était suspendu. C’est comme une renaissance à chaque fois. Et puis. C’était le moment où je récupérais mon corps. Les angoisses devenaient nouvelles mais mon bébé était né. Le premier mois de vie avec mon nouveau-né c’était un peu… lire la suite →
Petit toi, petit dernier. Tu grandis et tu t’éveilles et le temps me file entre les doigts. Les petits vêtements sont trop courts, tes pieds n’ont plus assez de place dans tes chaussons. Je vais glisser toutes ces petites choses trop petites dans un carton. Mais contrairement à tes frères, je ne le rouvrirai pas. Je le donnerai pour d’autres enfants. Petit toi, tu seras mon petit dernier et chaque moment qui passe me serre un peu plus le cœur qu’avant. Les moments que je vis avec toi ont une autre saveur. Je sais qu’après toi je ne les revivrai plus. Je ne suis pas triste de cela, peut-être un peu nostalgique. Tu es un bébé calme et serein et nous prenons le temps de savourer ces premiers instants que j’aime tant. J’aime cette période où tu es si petit. Le temps est différent, on vit comme posés dans du coton, on s’autorise à traîner un peu, il y a même des jours où on ne s’habille pas. Et puis je me souviens de tout ces moments à venir et je les attends avec hâte. Je suis heureuse de vous voir grandir ensemble. Mes trois garçons. J’ai hâte de vous… lire la suite →
Mon ventre s’est noué, mes yeux se sont mouillés et mon coeur s’est emballé. J’ai su. J’ai fermé ma valise, j’ai regardé tes frères, profondément endormis. Le silence. Cette nuit était particulière, elle allait devenir notre nuit, le début de notre histoire. J’ai regardé l’appartement. La lumière était différente, plus chaude, plus forte. J’ai regardé la rue depuis la terrasse. Nous sommes partis. Nous sommes partis à ta rencontre, les sentiments emmêlés. Tout était en suspend. Tout était serein. La nuit avançait et Paris était vide. Je n’ai rien oublié. Ce moment si particulier avant l’arrivée à l’hôpital. Et puis la douleur. la salle de naissance et l’horloge face à moi. Trois heures quarante. Je me suis mise à imaginer ton heure de naissance. Cette heure que tu t’amuseras à dire le jour de ton anniversaire. Cette heure qui marquera le début de ta vie. Cette heure que tu oublieras peut-être. Quatre heure cinquante. La nuit devenait moins noire. J’ai perdu de vue l’horloge quelques instants. Un peu avant six heures tu es né. Sereinement et calmement. Tes yeux grands ouverts ont cherchés les miens. Tous les doutes ont été balayés. Petit toi, ta naissance était belle. Je n’ai pas… lire la suite →
Les flocons sont tombés ce matin. Silencieux ils étaient là. Le silence a laissé sa place à L’euphorie et les nez se sont collés aux vitres. C’est le premier automne dans notre nouveau quartier. C’est la première fois que nous regardons la neige tomber derriere la baie vitrée. Je pense encore aux Abbesses. Le chemin de l’école a été joyeux, les bras et les bouches ouvertes, les flocons ont été gobés. Notre dernier automne à quatre. Une nouvelle vie. De nouveaux repères. Puis J’ai eu le cœur léger. Cette scène du quotidien m’a gonflé le cœur. Mes doutes et mes appréhensions se sont envolés. Et puis ce détour avant le travail. Cet achat comme si c’était le premier. Ce pyjama bleu. J’ai réalisé je crois, dans trois mois nous serons cinq. Je contemple la taille de ce pyjama et je me souviens de tout. L’euphorie, la fatigue, l’angoisse et l’amour a chaque naissance. Je n’ai rien oublié. Les sentiments virevoltants, la fierté, la taille minuscule de ce petit être. Il y a dix ans jamais je n’aurais cru avoir trois enfants. J’aurais ri à l’idée d’avoir des naissances rapprochées. Ne jamais dire jamais. J’imagine mon petit garçon dans ce pyjama… lire la suite →
Il y a 365 jours je suis allée chercher du pain. J’ai attendu dans la file d’attente et j’ai salué les boulangers. Comme tant d’autres matins. Il y a 365 jours, il faisait chaud. J’ai petit-déjeuné en observant nos valises. Il y a 365 jours je savais. Je savais que c’était le dernier matin. Le dernier matin avant toi. C’était presque effrayant de savoir qu’après, tu serais toujours dans mes pensées. J’ai regardé une dernière fois l’appartement. Quand je reviendrai tu seras là. Cette pensée grandi notre si petit logement. Il y a 365 jours, j’ai attendu dans la salle d’attente en regardant mon ventre. C’était les derniers instants d’une rondeur parfaite. Il y a 365 jours, l’effervescence la plus joyeuse était autour de moi. Je me souviens de ces mots, bruts et lourds comme une enclume. « Il est là » Il y a 365 jours tu es venu au monde. Dans un calme et avec une facilité insolente. Le monde t’attendait. Il y a 365 jours, ta chaleur et tes bras ronds ont été posés sur moi. Il y a 365 jours, je me sentais terriblement vivante et aimante. Tu as 365 jours aujourd’hui. Cela me semble vertigineux. Tu es… lire la suite →
Ma peau distendue me renvoie à cet état qui m’a tant effrayée et que j’ai finalement réussi a aimé. Cette peau s’est étirée pour laisser la place à ce petit être qui m’a tant fait peur. Une main sur mon ventre, je tâte et cherche en vain une présence. Je sens cette peau, flasque et tendre, délivrée de son petit habitant depuis peu. Les traces de son passage sont encore visibles. Je les contemple. J’aime les traces qui sont là. Elles marquent mon corps de façon indélébile. Comme si elles ne voulaient pas que j’oublie cette période pleine d’ambivalence. Elles me rappellent la douleur, l’angoisse et l’amour de ces neufs derniers mois. Ce spleen doux et léger me rappelle que nous sommes séparés à présent. Nous ne partageons plus le même corps. J’avais hâte d’être au bout, de le voir et de ne plus subir cette grossesse. Et puis je comprends petit à petit que de tels changements ne peuvent pas être anodins. Je comprends l’ambivalence que cet état a engendré. Mes cernes et mes douleurs me renvoient à la fin de cette cohabitation. Je suis nostalgique. Qui l’eut cru. Moi qui ait tant cru détester être enceinte. Je me… lire la suite →
Le printemps est là. Les terrasses de la rue commencent à devenir bruyantes et ce bruit me ravi. Il me rapproche de toi. Je sais que plus le soleil les chauffera et plus ta naissance sera proche. Le soleil brille sur avril. Les manteaux laissent leur place à des tissus légers. Alors je souhaite que les terrasses se remplissent, qu’elles s’emplissent de monde et de bruit. Qu’elles marquent l’arrivée du printemps puis de l’été. Je souhaite que le bruit de la rue s’intensifie afin de t’accueillir dans cette effervescence que j’aime tant. La naissance c’est la tempête heureuse. Dehors comme dedans. Chez nous comme dans la rue. La rue bouillonne et je sens que toi aussi. Tes mouvements sont forts et intenses, la place se fait rare et tu gardes ta position, la même depuis des mois. Tu as le hoquet, mon ventre se déforme et interroge les passants, les enfants me demandent ce qu’il y a dedans. Eux aussi ont hâte de te rencontrer. Et puis, lorsque le vent du printemps s’engouffre dans la maison et fait claquer les portes tu sursautes. Je souris de te voir réagir aux sons. Je trouve ça incroyable que tu réagisses intérieurement au… lire la suite →
On ne choisit pas le sexe de ses enfants. Je n’avais aucune préférence. Vraiment. L’annonce qu’un petit garçon viendra agrandir notre famille m’a beaucoup émue. J’aurais accueilli une petite fille avec la même joie. Sincèrement, je n’ai aucune préférence pour le sexe. Les réactions que j’ai entendu autour de moi m’ont surprise et même un peu agacée. « Ma pauvre tu dois être déçue » « Tu seras obligée de faire un troisième pour la fille! » « Deux garçons tu n’as pas fini de courir! » « Les filles c’est tellement plus sympa à habiller » Oui parce que très souvent on me dit qu’avoir une fille est plus sympa qu’avoir un garçon. Ce qui est incroyable c’est que ces réactions ne sont pas isolées, je les entends très souvent. Alors non je ne suis pas déçue, au risque de décevoir ces personnes. Et l’envie d’un troisième enfant ne se décidera pas selon les sexes des précédents. Je suis assez attristée de voir que dans l’imaginaire collectif les filles sont mignonnes, calmes et agréables alors que les garçons sont durs, bagarreurs et pas coquets pour un sou. Lorsqu’on me souhaite du courage avec deux garçons je bous intérieurement. Je pense qu’avoir deux enfants c’est effectivement une organisation… lire la suite →
C’était ma plus grande appréhension La grossesse et l’angoisse qu’elle suscite. La première fois je ne m’étais pas reconnue tant l’inquiétude m’avait assommée. Une veille de neuf mois. Rien de joli ni d’épanouissant dans le fait de porter un enfant. J’ai maudit cet état. (L’envie d’un enfant était pourtant si forte.) Pour cette deuxième grossesse j’ai eu peur d’avoir à nouveau peur. Une mise en abime infernale. Et j’ai laissé faire. Je suis moins angoissée car je sais reconnaître les petits maux de mon état. Je reconnais les différentes étapes. J’attends même avec impatience les échographies, ce qui est nouveau pour moi. J’ai eu cette lueur de la grossesse épanouissante, parfaite et douce. Une lueur faible et fragile car à la fin de ce cinquième mois, la rondeur de mon ventre et la fatigue de mon corps me rappellent ce que je n’aime pas. Je trouve plutôt terrifiant d’avoir un petit être à l’intérieur de soi. Il vit, bouge, se développe avec l’aide de mon corps, de ce que je mange, bois et ressent. Terrifiant je vous dis. Deux corps différents au sein d’un seul. Donc j’attends. J’attends le printemps, j’attends qu’il soit là. J’ai envie de dire que ça… lire la suite →
À l’heure où nous devons prendre de bonnes résolutions Je suis mauvais élève Je n’en prends aucune. les verres trinquent, les papiers se froissent, les sapins gisent en bord de route, les accolades sont chaleureuses et les remerciements de circonstance. Je regarde ce grand spectacle de loin. Non pas qu’il m’ennuie. Mais je pense aux saisons, Au printemps. Et puis si, il m’ennuie un peu. La magie de cette fin d’année ne se trouvait pas dans les bolducs. Elle obnubilait ma tête, mon esprit Me donnait des coups Et modifiait mon corps. Pour la deuxième fois. Petit toi. Tu tapes pour dire que tu es là. Je te sens et je reste ébahie par ton grand spectacle. Il vaut tous les cadeaux du monde. Il est le plus précieux. Petit toi Sache que j’attends les bourgeons J’attends le retour des oiseaux J’attends la couleur sur les magnolias J’attends le soleil sur les terrasses J’attends le grand spectacle Je t’attends toi. Petit toi. Que deux mille quinze vous comble!