Je me souviens du jour où je t’ai acheté ce petit ensemble violet. Un violet lumineux. Une petite broderie ton sur ton bordant ton petit cou. Toi le petit brun tu étais magnifique dans ce violet moelleux. « C’est un violet de fille madame. » J’apprends donc que les couleurs sont sexuées. Je pensais naïvement que les couleurs étaient une affaire de goûts, de saisons,d’envies. Un violet de fille sur mon garçon donc. « Ça ne vous dérange pas? » Non. Mes fils portent des couleurs peu importe la catégorisation dans laquelle elles se trouvent. Mon petit brun est beau dans le violet. Il est confortablement installé dans sa gigoteuse aux motifs roses. Mon petit blond aime son foulard aux oiseaux. Et ça ne me dérange pas. Mon aîné réclame du parfum, des foulards et aime détailler les petits motifs de sa chemise. Ça ne me dérange pas non plus. Il se fiche de savoir si la couleur de son pull appartient bien au groupe garçon. Mes enfants portent donc des pois, des fleurs, des rayures, du violet, du doré et même du rose. Et ça ne me dérange toujours pas. « Maman avait envie d’avoir une petite fille! » Désolée de vous décevoir madame. Mais… lire la suite →
On ne choisit pas le sexe de ses enfants. Je n’avais aucune préférence. Vraiment. L’annonce qu’un petit garçon viendra agrandir notre famille m’a beaucoup émue. J’aurais accueilli une petite fille avec la même joie. Sincèrement, je n’ai aucune préférence pour le sexe. Les réactions que j’ai entendu autour de moi m’ont surprise et même un peu agacée. « Ma pauvre tu dois être déçue » « Tu seras obligée de faire un troisième pour la fille! » « Deux garçons tu n’as pas fini de courir! » « Les filles c’est tellement plus sympa à habiller » Oui parce que très souvent on me dit qu’avoir une fille est plus sympa qu’avoir un garçon. Ce qui est incroyable c’est que ces réactions ne sont pas isolées, je les entends très souvent. Alors non je ne suis pas déçue, au risque de décevoir ces personnes. Et l’envie d’un troisième enfant ne se décidera pas selon les sexes des précédents. Je suis assez attristée de voir que dans l’imaginaire collectif les filles sont mignonnes, calmes et agréables alors que les garçons sont durs, bagarreurs et pas coquets pour un sou. Lorsqu’on me souhaite du courage avec deux garçons je bous intérieurement. Je pense qu’avoir deux enfants c’est effectivement une organisation… lire la suite →
C’était ma plus grande appréhension La grossesse et l’angoisse qu’elle suscite. La première fois je ne m’étais pas reconnue tant l’inquiétude m’avait assommée. Une veille de neuf mois. Rien de joli ni d’épanouissant dans le fait de porter un enfant. J’ai maudit cet état. (L’envie d’un enfant était pourtant si forte.) Pour cette deuxième grossesse j’ai eu peur d’avoir à nouveau peur. Une mise en abime infernale. Et j’ai laissé faire. Je suis moins angoissée car je sais reconnaître les petits maux de mon état. Je reconnais les différentes étapes. J’attends même avec impatience les échographies, ce qui est nouveau pour moi. J’ai eu cette lueur de la grossesse épanouissante, parfaite et douce. Une lueur faible et fragile car à la fin de ce cinquième mois, la rondeur de mon ventre et la fatigue de mon corps me rappellent ce que je n’aime pas. Je trouve plutôt terrifiant d’avoir un petit être à l’intérieur de soi. Il vit, bouge, se développe avec l’aide de mon corps, de ce que je mange, bois et ressent. Terrifiant je vous dis. Deux corps différents au sein d’un seul. Donc j’attends. J’attends le printemps, j’attends qu’il soit là. J’ai envie de dire que ça… lire la suite →
Au square il y a du sable, des bancs, des jeux, des enfants, des parents et une bonne dose d’énergie. Ça semble être un lieu d’échanges et de partage où petits et grands se côtoient. Ça semble être le lieu où il faut être quand tu deviens parent. Mais les premiers échanges donnent le ton. “Il a quel âge?” Ça a commencé comme ça. C’est presque passé inaperçu mais la compétition commençait. Lorsque les autres parents semblent s’intéresser à ton petit c’est en fait pour comparer. Les dés étaient lancés. Je me doutais un peu en devenant mère qu’une compétition allait débuter. À mon plus grand regret. “14 mois? Et il ne marche pas? Ma fille marche depuis ses 10 mois.” La comparaison. Le fondement de la constitution du square. On regarde. On interroge. On envoie les comparaisons. C’est humain, c’est vrai. Mais ça reste dérangeant. “Et il fait ses nuits?” “Pas vraiment.” “A 14 mois? Ma fille fait ses nuits depuis la maternité” Certes, en devenant mère j’ai comparé moi aussi. J’ai feuilleté les carnets de santé familiaux, j’ai comparé les tailles, les poids. Je me suis inquiétée quand il y avait des différences. Je suis assez inquiète de… lire la suite →
Je me souviens du jour où tu as voulu mettre un foulard. Du jour où tu as voulu faire comme moi. Je t’ai donné un foulard fleuri que tu as adoré porter. Tu marchais fièrement dans la rue en disant « regarde maman » et en faisant voler ce tissu trop grand pour toi. Une réflexion est venue ternir ta joie. « Maman t’a déguisé aujourd’hui, tu n’es pas une petite fille! » Comme si, le fait d’être un garçon t’empêchait de fleurir tes tenues. Mes coups de cœurs pour tes vêtements, ne s’arrêtent pas au simple fait que ce soit pour les filles ou les garçons. Je me fiche du rayon. Je pioche chez les filles quand je vois de jolies choses et inversement. Je me fiche de la catégorisation. J’aime t’entendre dire que c’est joli quand tu mets ton petit foulard rouge avec les oiseaux. J’aime te voir rire quand tu t’admires en tendant le cou devant le miroir de la boutique du coin de la rue. « Regarde les oiseaux maman! » Et tu pointes du doigt les dizaines de petits oiseaux qui ornent le tissu. Ne les écoute pas. Savais-tu qu’à l’époque de Louis XIV, les garçons portaient des pantalons de satin… lire la suite →
Le temps s’invite dans mes cheveux. Des cheveux blancs aiment me rappeler que le temps ne m’attend pas, qu’il suit son chemin. Je les ai comptés, arrachés, cachés, j’ai réfléchis à les teindre. Puis j’ai arrêté de vouloir dompter le temps. Et j’ai fini par les aimer. “Tu as des cheveux blancs, tu vas les teindre?” Non. J’aime l’idée que le temps se rende visible, il me rappelle que l’heure tourne, que les mois changent et que les années s’enchaînent. Ça me rappelle que mon oisillon grandit et qu’il découvre de plus en plus de choses. Il est ce que le temps m’a apporté de plus précieux. Les marques sont là pour nous rappeler que nous sommes vivants. Cette vie me comble au delà du fait d’être un peu moins brune chaque jour. Je suis consciente que mes paroles changeront sûrement lorsque j’aurais 40, 50 puis 60 ans. Je suis consciente aussi que ma condition de vie privilégiée me permette d’avoir de tels propos. Ressentir les marques du temps dans la solitude, dans la rue ou dans la maladie est un tout autre aspect. Je comprends aussi qu’on puisse avoir l’envie de figer le temps, de le stopper, de vouloir… lire la suite →
Je faisais partie des mères qui rêvaient d’allaiter. J’avais tout préparé. Les crèmes hydratantes, les coussinets, les livres, dès que j’arrivais chez la sage-femme je posais des multitudes de questions sur l’allaitement. Je voulais allaiter plus que tout. J’avais eu l’exemple de ma mère qui allaitait ses enfants, facilement et avec bonheur, la femme de mon père et ma tante, toutes trois parlaient de bonheur absolu, de lien fort, de moment privilégié. J’étais prête. Après un marathon de plus de 30 heures, l’oisillon est né. La sage-femme l’a posé sur moi et immédiatement dans ma tête j’ai pensé: “Je ne peux pas l’allaiter”. Bloquée. J’étais chamboulée. J’avais mal. J’étais fatiguée. Je n’avais pas imaginé un accouchement aussi violent. J’ai tout de même mis l’oisillon au sein pendant la nuit et le lendemain matin. Devant ma détresse les sages-femmes ont été exceptionnelles. Très présentes. Ne m’imposant pas leur façon de penser. Me disant que parfois on ne choisit pas, me parlant également de la bonne santé de l’oisillon, de prendre mon temps. Le lendemain l’oisillon a bu son premier biberon. Et ce moment a été privilégié. Je me suis sentie bien, il me regardait, la tension s’apaisait. Je me sentais tout… lire la suite →