C’était ma plus grande appréhension La grossesse et l’angoisse qu’elle suscite. La première fois je ne m’étais pas reconnue tant l’inquiétude m’avait assommée. Une veille de neuf mois. Rien de joli ni d’épanouissant dans le fait de porter un enfant. J’ai maudit cet état. (L’envie d’un enfant était pourtant si forte.) Pour cette deuxième grossesse j’ai eu peur d’avoir à nouveau peur. Une mise en abime infernale. Et j’ai laissé faire. Je suis moins angoissée car je sais reconnaître les petits maux de mon état. Je reconnais les différentes étapes. J’attends même avec impatience les échographies, ce qui est nouveau pour moi. J’ai eu cette lueur de la grossesse épanouissante, parfaite et douce. Une lueur faible et fragile car à la fin de ce cinquième mois, la rondeur de mon ventre et la fatigue de mon corps me rappellent ce que je n’aime pas. Je trouve plutôt terrifiant d’avoir un petit être à l’intérieur de soi. Il vit, bouge, se développe avec l’aide de mon corps, de ce que je mange, bois et ressent. Terrifiant je vous dis. Deux corps différents au sein d’un seul. Donc j’attends. J’attends le printemps, j’attends qu’il soit là. J’ai envie de dire que ça… lire la suite →
À l’heure où nous devons prendre de bonnes résolutions Je suis mauvais élève Je n’en prends aucune. les verres trinquent, les papiers se froissent, les sapins gisent en bord de route, les accolades sont chaleureuses et les remerciements de circonstance. Je regarde ce grand spectacle de loin. Non pas qu’il m’ennuie. Mais je pense aux saisons, Au printemps. Et puis si, il m’ennuie un peu. La magie de cette fin d’année ne se trouvait pas dans les bolducs. Elle obnubilait ma tête, mon esprit Me donnait des coups Et modifiait mon corps. Pour la deuxième fois. Petit toi. Tu tapes pour dire que tu es là. Je te sens et je reste ébahie par ton grand spectacle. Il vaut tous les cadeaux du monde. Il est le plus précieux. Petit toi Sache que j’attends les bourgeons J’attends le retour des oiseaux J’attends la couleur sur les magnolias J’attends le soleil sur les terrasses J’attends le grand spectacle Je t’attends toi. Petit toi. Que deux mille quinze vous comble!
Il y eut ce matin. Ce samedi ponctué de gestes rapides avant de commencer une journée de travail. Se dépêcher. Regarder l’heure. Penser à tout. À rien. Échanger quelques baisers. La course frénétique du quotidien. Rythmée au son des aiguilles et des flonflons des fêtes de fin d’années. Nous avons les traits tirés. Et puis soudain tu arrêtes le temps. Toi le petit homme de presque un mètre. Tu crées le lien. Tu stoppes l’horloge un instant Tu m’embrasses avant que je m’engouffre dans cette folle journée. Mais tu n’embrasses pas que moi. Tu embrasses mon ventre pour dire au revoir au bébé. Un geste simple. Un geste qui a figé le temps pour lui redonner toute sa valeur. Un geste d’une force incroyable qui m’émeut. Toi le petit homme de moins d’un mètre tu m’as fait frissonner. Nous accueillerons bientôt un bébé et ta tendresse me comble encore un peu plus de bonheur. Merci petit homme.
Je voulais écrire un joli texte Je voulais qu’il soit serein et plein d’espoir J’avais hâte de poser des mots sur les maux Je voulais dédramatiser ces tristes moments Je voulais garder une certaine pudeur dans mes propos J’ai écris sur le papier pour ensuite taper sur le clavier Je me suis souvenue de la peine, de la douleur, de l’échec Je me souviens n’avoir plus eu envie d’un enfant. Mais je n’arrive pas à poser de mots. De mots justes, clairs et gonflés d’espérance. Et pourtant, ils sont je pense, le remède. Parler et écrire jusqu’au réconfort. Échanger, ne rien garder enfermer, voilà peut-être la clé De faux il n’y a que le mot C’était bien réel Ce moment détruit, anéanti la confiance, la joie Ce moment enferme Ce moment noirci « Tu es jeune, tu auras d’autres enfants » La jeunesse ne change rien à la tristesse. La jeunesse n’atténue pas le chagrin. Et puis la vie continue Et la douleur s’atténue Elle se camoufle dans un petit coin de chair Elle reste là mais sait se faire discrète À celles et ceux qui vivent ce douloureux moment, je souhaite que votre douleur se fasse discrète Je vous souhaite d’être… lire la suite →
Quelques lettres qui te suivront toute ta vie. Les choisir selon notre goût. Feuilleter des livres Tendre l’oreille dans la rue Se remémorer les vieux prénoms de famille. Éplucher, noter, répéter, rayer pour qu’il n’en reste qu’un. Le répéter plusieurs fois à haute voix. Le tien. Choisir des syllabes qui te construiront un peu tout de même. Tu forgeras ton caractère autour de ce prénom qui te servira à te présenter Aussi bien à deux ans qu’à quarante. Un prénom choisit par deux personnes qui ne le porteront pas. L’aimeras-tu? Vouloir que se prénom soit aussi facile à porter enfant qu’adulte. Le choisir avec son orthographe classique, je ne voulais pas la changer pour ne pas que tu ais à l’épeler toute ta vie. C’était amusant de t’imaginer, adulte, te présentant aux autres en énonçant ton prénom. C’était drôle d’imaginer quel surnom tes amis te donneront. Notre choix s’est vite porter sur le prénom qui est le tien aujourd’hui. Simplement. Tu portes le prénom de mon arrière-grand-père. Non pas par hommage, mais pour sa beauté graphique, sa sonorité. Nous ne voulions pas un prénom qui soit unique car ton prénom serait forcément singulier. Singulier à ta personnalité. J’espère qu’il te… lire la suite →
Au square il y a du sable, des bancs, des jeux, des enfants, des parents et une bonne dose d’énergie. Ça semble être un lieu d’échanges et de partage où petits et grands se côtoient. Ça semble être le lieu où il faut être quand tu deviens parent. Mais les premiers échanges donnent le ton. “Il a quel âge?” Ça a commencé comme ça. C’est presque passé inaperçu mais la compétition commençait. Lorsque les autres parents semblent s’intéresser à ton petit c’est en fait pour comparer. Les dés étaient lancés. Je me doutais un peu en devenant mère qu’une compétition allait débuter. À mon plus grand regret. “14 mois? Et il ne marche pas? Ma fille marche depuis ses 10 mois.” La comparaison. Le fondement de la constitution du square. On regarde. On interroge. On envoie les comparaisons. C’est humain, c’est vrai. Mais ça reste dérangeant. “Et il fait ses nuits?” “Pas vraiment.” “A 14 mois? Ma fille fait ses nuits depuis la maternité” Certes, en devenant mère j’ai comparé moi aussi. J’ai feuilleté les carnets de santé familiaux, j’ai comparé les tailles, les poids. Je me suis inquiétée quand il y avait des différences. Je suis assez inquiète de… lire la suite →
Je me souviens du jour où tu as voulu mettre un foulard. Du jour où tu as voulu faire comme moi. Je t’ai donné un foulard fleuri que tu as adoré porter. Tu marchais fièrement dans la rue en disant « regarde maman » et en faisant voler ce tissu trop grand pour toi. Une réflexion est venue ternir ta joie. « Maman t’a déguisé aujourd’hui, tu n’es pas une petite fille! » Comme si, le fait d’être un garçon t’empêchait de fleurir tes tenues. Mes coups de cœurs pour tes vêtements, ne s’arrêtent pas au simple fait que ce soit pour les filles ou les garçons. Je me fiche du rayon. Je pioche chez les filles quand je vois de jolies choses et inversement. Je me fiche de la catégorisation. J’aime t’entendre dire que c’est joli quand tu mets ton petit foulard rouge avec les oiseaux. J’aime te voir rire quand tu t’admires en tendant le cou devant le miroir de la boutique du coin de la rue. « Regarde les oiseaux maman! » Et tu pointes du doigt les dizaines de petits oiseaux qui ornent le tissu. Ne les écoute pas. Savais-tu qu’à l’époque de Louis XIV, les garçons portaient des pantalons de satin… lire la suite →
Elle a aimé sans failles. Elle a suivi un chemin. Elle a rencontré des gens. Elle a rencontré mon père. Elle s’est mariée. Elle avait les cheveux courts. Elle a eu un enfant. Elle m’a protégée. Elle a ri, vécu, dansé et choyé. Elle m’a soutenue. Elle s’est ennuyée. Elle a aidé. Elle a divorcé. Elle a eu les cheveux longs. Elle a eu les cheveux noir corbeau. Elle m’a écouté. Elle ne s’est jamais plaint. Jamais. Elle s’est remariée. Elle a toujours eu une frange. Elle m’a fait partager ses goûts. Elle a joué. Elle a eu un deuxième enfant. Elle a perdu cet enfant. Elle s’est relevée. Je ne sais comment elle a trouvé la force. Elle a déménagé. Elle a travaillé. Elle a eu un troisième enfant. Elle l’a aimé plus que tout. Elle a eu peur. Elle nous a enlacés. Elle a eu un quatrième enfant. Elle a été malade. Une fois. Puis une seconde fois. Elle a perdu ses cheveux. Elle a vaincu. Elle n’a jamais baissé les bras. Elle est allée a des concerts. Elle a vu Iggy Pop. Elle nous a étonnés. Elle a défendu des causes. Elle m’a expliqué la tolérance. Elle… lire la suite →
Je me souviens de la chaleur de Paris, du bruit de la rue et de mon cœur battant bien trop fort. Je me souviens de ce mois de juillet. Je me souviens avoir eu peur. Je me souviens de mes pas légers sur le bitume gris du neuvième arrondissement. Je me souviens de cette place qui me donnait le tournis. Je me souviens qu’une seule question tournait dans ma tête. « Comment un être si petit pouvait tant occuper mon esprit » Je me souviens de ce médecin, un peu vieux, un peu gauche, à l’opposé de ce que j’avais imaginé. Je me souviens de cette petite salle. Je me souviens de ma toute première échographie. Je me souviens de tout. Du bruit du ventilateur, du bruit des patients dans la salle d’attente, des Klaxons des voitures, des froissements de la blouse du médecin, de son silence. Je me souviens de cette image, presque lunaire, d’un tout petit être. Je me souviens du son. Ce son régulier et rapide, cette musique apaisante que j’aurais pu écouter des heures. « Vous entendez? C’est son cœur. » Je me souviens de ton cœur. Je me souviens des angoisses qui ont surgit à cet instant. Nous étions… lire la suite →
Tu es venu au monde. Je trouve cette expression jolie “venir au monde”. Tu es venu à lui. Comme si lui t’attendais. Une personne de plus. Une personne qui compte. Je te souhaite d’arriver à rendre ce monde un peu moins bancal. Je te souhaite de faire compter ta voix, de défendre tes idées pour que le monde soit un peu plus ou un peu moins. C’est un peu utopiste, mais c’est réalisable. Je te souhaite d’aimer. Un homme ou une femme. Peu importe. On se sent vivre en aimant, on a la force d’affronter les pires choses à deux. De cet amour naîtra des projets, des envies, une voie. Tu te révéleras à toi même, tu te surprendras. Je te souhaite d’arriver à suivre tes combats, de les partager, d’en débattre avec ceux qui sont d’accord et ceux qui ne le sont pas. Sans violence, sans haine. Je te souhaite d’avoir des échanges ouverts et vrais. Je te souhaite d’avoir des enfants. Biologiques ou non. Et j’espère que cette expérience te chamboulera autant qu’elle l’a fait pour moi. Je te souhaite d’arriver à ne pas écouter les gens qui essaierons de te décourager, de t’abaisser. Ceux qui essaierons de… lire la suite →