Comme tant de soirs. Pleine de fatigue, la tête douloureuse, je suis allée jeter un œil dans ta chambre. Ton chevet était allumé. Tu étais calme et tu lisais un livre. Je me suis approchée et j’ai remarqué que ta lecture était particulière. Tu analysais, disséquais presque, des pages fines aux tout petits mots. Tu avais demandé un livre de la grande bibliothèque. « Un livre d’adulte » comme tu as dit. Un livre sans images, avec uniquement des mots. Tu tentais d’en déchiffrer quelque uns et cela m’a touchée en plein coeur. Tu as reconnu des prénoms, des pronoms et des petits mots. Tu t’es intéressé aux quelques phrases que j’ai lues, et tu t’es amusé de voir que l’un des personnages portait le nom de ton amie. Je t’ai demandé pourquoi tu avais voulu lire ce livre sans image. « Parce que je voulais savoir comment c’était fait » Un poids lourd s’est abattu sous mes épaules. Je me suis sentie bête. Incroyablement bête. Ma fatigue, mon mal de crâne, ma mauvaise humeur et mes cris se sont retrouvés face à toi, petit cinq ans, vif et tellement curieux. Ton intelligence m’a ravivée. J’ai tant de mal à trouver les mots justes… lire la suite →
Il y a 365 jours je suis allée chercher du pain. J’ai attendu dans la file d’attente et j’ai salué les boulangers. Comme tant d’autres matins. Il y a 365 jours, il faisait chaud. J’ai petit-déjeuné en observant nos valises. Il y a 365 jours je savais. Je savais que c’était le dernier matin. Le dernier matin avant toi. C’était presque effrayant de savoir qu’après, tu serais toujours dans mes pensées. J’ai regardé une dernière fois l’appartement. Quand je reviendrai tu seras là. Cette pensée grandi notre si petit logement. Il y a 365 jours, j’ai attendu dans la salle d’attente en regardant mon ventre. C’était les derniers instants d’une rondeur parfaite. Il y a 365 jours, l’effervescence la plus joyeuse était autour de moi. Je me souviens de ces mots, bruts et lourds comme une enclume. « Il est là » Il y a 365 jours tu es venu au monde. Dans un calme et avec une facilité insolente. Le monde t’attendait. Il y a 365 jours, ta chaleur et tes bras ronds ont été posés sur moi. Il y a 365 jours, je me sentais terriblement vivante et aimante. Tu as 365 jours aujourd’hui. Cela me semble vertigineux. Tu es… lire la suite →
Il y a des bouffées de bonheur qui gonflent le cœur. Demain en sera une. Demain sera le jour de ta première rentrée. Celle que tu attends avec tant de hâte et de joie. Le jour où tu es né, l’école me paraissait si loin, presque intouchable. L’impression que tu resterais tout le temps ce petit nouveau-né. Et pourtant nous y sommes. Tu as grandi mon bonhomme, tu vis à cent à l’heure, tu questionnes, t’intéresse, tu es terriblement vivant. Je ne suis pas nostalgique des moments passés, au contraire, j’aime les avoir vécus et j’aime te voir grandir par dessus tout. La joie qui t’anime lorsque tu parles de l’école me comble. En cette veille de rentrée, pas de regrets ni d’appréhension mais au contraire le cœur gonflé de bonheur de te voir si grand. Ce soir nous ne préparerons pas ta tenue, nous ne cirerons pas tes chaussures, nous n’organiserons rien. Nous serons simplement ensemble avec les souvenirs de ce bel été, on se remémorera tes châteaux, l’eau salée et ton envie de courir partout. Cette pause estivale était douce, une bouffée d’air avant de reprendre notre petit rythme quotidien. Je vis cette première rentrée avec beaucoup d’impatience.… lire la suite →
Tu t’es fait attendre Tu as poussé mes limites au plus loin. J’ai appréhendé ta naissance, j’ai eu peur. Tu es né sereinement en balayant de tes petits yeux toute la douleur de ces neufs mois. Je me souviens de tes mains jointes. De l’hôpital calme, De la salle de naissance silencieuse. tu es arrivé simplement, avec douceur. il y a deux mois. Deux mois de vie dans mes bras. Une vie au rythme de ton souffle. Ton rythme qui s’est imposé à moi. Une mélodie silencieuse et régulière qui me berce. Je te garde dans mes bras. J’ai oublié les jours J’ai oublié les heures J’ai oublié le temps Je suis suspendue à ton souffle régulier. Tu aimes te lover Ta tête s’enfoui dans mes bras Tu cherches ta position et tu t’endors Tes membres lourds se détendent Je reste là parfois des heures à soutenir ton petit être Ton poids engourdissant mes membres Une douleur si douce. Des moments précieux avant cette rentrée qui va nous dévorer. Mon tout petit Les fenêtres sont ouvertes Je contemple la rue en te tenant dans mes bras. Août est là. Il fait chaud. Le bruit des terrasses inonde notre appartement et… lire la suite →
Un jour Il y eu le premier jour. Celui qui fait exploser nos émotions. L’euphorie et l’envie de crier au monde entier ta beauté. Toi, si petit encore, endolori par cette arrivée. Niché au creux de nous. Je t’ai contemplé des heures, analysant la finesse de ta petite personne. Comme si c’était la première fois. Tu ouvrais peu les yeux, tes gestes étaient lents et pourtant tout s’accélérait autour de nous. Une semaine Il y eu la première semaine celle qui me fit oublier la vie sans toi. Les gestes, les paroles, tout semblait être naturel. Nous commençons à avoir nos habitudes. Tes yeux s’ouvrent et le gris de ta pupille me gonfle le cœur. Nous étions quatre et cela paraissait évident. Tu grandis déjà, toi le petit glouton. La vie avec toi est douce. Deux semaines Il y eu la première quinzaine Celle oū l’on se dit que ça va très vite. Tu t’éveilles et tu nous suit du regard. Nous parlons de toi, parfois, en grammes et en centimètres. Mais cette vitesse nous donne à voir le plus joli des spectacles. Ton frère t’embrasse, te cajole. On devine le gris de tes yeux qui devient bleu. Çe gris… lire la suite →
C’était ma plus grande appréhension La grossesse et l’angoisse qu’elle suscite. La première fois je ne m’étais pas reconnue tant l’inquiétude m’avait assommée. Une veille de neuf mois. Rien de joli ni d’épanouissant dans le fait de porter un enfant. J’ai maudit cet état. (L’envie d’un enfant était pourtant si forte.) Pour cette deuxième grossesse j’ai eu peur d’avoir à nouveau peur. Une mise en abime infernale. Et j’ai laissé faire. Je suis moins angoissée car je sais reconnaître les petits maux de mon état. Je reconnais les différentes étapes. J’attends même avec impatience les échographies, ce qui est nouveau pour moi. J’ai eu cette lueur de la grossesse épanouissante, parfaite et douce. Une lueur faible et fragile car à la fin de ce cinquième mois, la rondeur de mon ventre et la fatigue de mon corps me rappellent ce que je n’aime pas. Je trouve plutôt terrifiant d’avoir un petit être à l’intérieur de soi. Il vit, bouge, se développe avec l’aide de mon corps, de ce que je mange, bois et ressent. Terrifiant je vous dis. Deux corps différents au sein d’un seul. Donc j’attends. J’attends le printemps, j’attends qu’il soit là. J’ai envie de dire que ça… lire la suite →
Quelques lettres qui te suivront toute ta vie. Les choisir selon notre goût. Feuilleter des livres Tendre l’oreille dans la rue Se remémorer les vieux prénoms de famille. Éplucher, noter, répéter, rayer pour qu’il n’en reste qu’un. Le répéter plusieurs fois à haute voix. Le tien. Choisir des syllabes qui te construiront un peu tout de même. Tu forgeras ton caractère autour de ce prénom qui te servira à te présenter Aussi bien à deux ans qu’à quarante. Un prénom choisit par deux personnes qui ne le porteront pas. L’aimeras-tu? Vouloir que se prénom soit aussi facile à porter enfant qu’adulte. Le choisir avec son orthographe classique, je ne voulais pas la changer pour ne pas que tu ais à l’épeler toute ta vie. C’était amusant de t’imaginer, adulte, te présentant aux autres en énonçant ton prénom. C’était drôle d’imaginer quel surnom tes amis te donneront. Notre choix s’est vite porter sur le prénom qui est le tien aujourd’hui. Simplement. Tu portes le prénom de mon arrière-grand-père. Non pas par hommage, mais pour sa beauté graphique, sa sonorité. Nous ne voulions pas un prénom qui soit unique car ton prénom serait forcément singulier. Singulier à ta personnalité. J’espère qu’il te… lire la suite →
Au square il y a du sable, des bancs, des jeux, des enfants, des parents et une bonne dose d’énergie. Ça semble être un lieu d’échanges et de partage où petits et grands se côtoient. Ça semble être le lieu où il faut être quand tu deviens parent. Mais les premiers échanges donnent le ton. “Il a quel âge?” Ça a commencé comme ça. C’est presque passé inaperçu mais la compétition commençait. Lorsque les autres parents semblent s’intéresser à ton petit c’est en fait pour comparer. Les dés étaient lancés. Je me doutais un peu en devenant mère qu’une compétition allait débuter. À mon plus grand regret. “14 mois? Et il ne marche pas? Ma fille marche depuis ses 10 mois.” La comparaison. Le fondement de la constitution du square. On regarde. On interroge. On envoie les comparaisons. C’est humain, c’est vrai. Mais ça reste dérangeant. “Et il fait ses nuits?” “Pas vraiment.” “A 14 mois? Ma fille fait ses nuits depuis la maternité” Certes, en devenant mère j’ai comparé moi aussi. J’ai feuilleté les carnets de santé familiaux, j’ai comparé les tailles, les poids. Je me suis inquiétée quand il y avait des différences. Je suis assez inquiète de… lire la suite →
Tu es venu au monde. Je trouve cette expression jolie “venir au monde”. Tu es venu à lui. Comme si lui t’attendais. Une personne de plus. Une personne qui compte. Je te souhaite d’arriver à rendre ce monde un peu moins bancal. Je te souhaite de faire compter ta voix, de défendre tes idées pour que le monde soit un peu plus ou un peu moins. C’est un peu utopiste, mais c’est réalisable. Je te souhaite d’aimer. Un homme ou une femme. Peu importe. On se sent vivre en aimant, on a la force d’affronter les pires choses à deux. De cet amour naîtra des projets, des envies, une voie. Tu te révéleras à toi même, tu te surprendras. Je te souhaite d’arriver à suivre tes combats, de les partager, d’en débattre avec ceux qui sont d’accord et ceux qui ne le sont pas. Sans violence, sans haine. Je te souhaite d’avoir des échanges ouverts et vrais. Je te souhaite d’avoir des enfants. Biologiques ou non. Et j’espère que cette expérience te chamboulera autant qu’elle l’a fait pour moi. Je te souhaite d’arriver à ne pas écouter les gens qui essaierons de te décourager, de t’abaisser. Ceux qui essaierons de… lire la suite →
Le temps s’invite dans mes cheveux. Des cheveux blancs aiment me rappeler que le temps ne m’attend pas, qu’il suit son chemin. Je les ai comptés, arrachés, cachés, j’ai réfléchis à les teindre. Puis j’ai arrêté de vouloir dompter le temps. Et j’ai fini par les aimer. “Tu as des cheveux blancs, tu vas les teindre?” Non. J’aime l’idée que le temps se rende visible, il me rappelle que l’heure tourne, que les mois changent et que les années s’enchaînent. Ça me rappelle que mon oisillon grandit et qu’il découvre de plus en plus de choses. Il est ce que le temps m’a apporté de plus précieux. Les marques sont là pour nous rappeler que nous sommes vivants. Cette vie me comble au delà du fait d’être un peu moins brune chaque jour. Je suis consciente que mes paroles changeront sûrement lorsque j’aurais 40, 50 puis 60 ans. Je suis consciente aussi que ma condition de vie privilégiée me permette d’avoir de tels propos. Ressentir les marques du temps dans la solitude, dans la rue ou dans la maladie est un tout autre aspect. Je comprends aussi qu’on puisse avoir l’envie de figer le temps, de le stopper, de vouloir… lire la suite →