La nuit est différente. Ta naissance l’a chamboulée. On ne dort plus, plus de la même façon. On est attentifs au silence. On l’écoute. On épie ton souffle, tes gestes, on est inquiets. Deux ans de sommeil près de toi. Et pourtant. J’écoute toujours, je retiens mon souffle, j’éponge ton front fiévreux. J’aime la nuit. J’aimerais pouvoir la vivre éveillée. J’aimerais tout noter pour ne rien oublier. Je me souviens des nuits lovée dans le canapé. Je me souviens de ton berceau. De ton lâcher prise. Des cent pas sur le parquet bruyant. Des nuits sans bruits à penser au futur, à toi, à notre vie à trois. La nuit n’est plus la même depuis toi. J’espère que tu aimeras la nuit. Voir les villes la nuit. Écouter son silence. Ou au contraire la rendre bruyante et vivante. J’espère que tu aimeras regarder tes enfants dormir. J’espère que la nuit t’apaisera. Elle cerne mes yeux mais est riche de ta présence. Je crois qu’elle ne sera plus jamais pareille. Même quand tu auras 10, 20 ou 30 ans. La pénombre me fera toujours penser à toi. Elle m’inquiétera toujours un peu aussi, si peu. À l’heure où tu vas commencer… lire la suite →
Un petit corps chaud posé contre moi. C’est le début de la nuit et tu pousses ton premier cri. Ce cri salvateur qui m’a tant fait pleuré. J’avais tant imaginé ce moment, de tant de façons différentes. Je ne l’avais pas imaginé si étrange, si bouleversant. Je ne me suis pas sentie mère, pas tout de suite. J’ai été perdue. Je me suis sentie liée à toi, pour toujours. J’ai été effrayée. Tes yeux grands ouverts plongés dans les miens. Tes gestes incontrôlés, ta bouche plissée. Je ne pouvais détourner mon regard du tien. À 22h54 j’ai arrêté de pleurer, de parler, j’ai arrêté d’avoir peur, je t’ai simplement regardé. J’ai pensé à ton père, à notre amour multiplié par ce moment présent, à tout ce que tu allais offrir à nos vies. Notre vie bouleversée par la tienne. Je t’ai contemplé des heures, des nuits, des jours, n’osant te manipuler de peur de te réveiller. Si petit. Ton odeur et tes gestes lents. Ton souffle chaud. Le temps s’est stoppé pour nous laisser admirer le petit être que tu es. Notre bouleversement. Le plus beau qui soit.